Charlie

Publié le 26 Janvier 2015

Et maintenant ? Décidez vous-mêmes !

Auprès de chaque école, un comité Charlie pour débattre de notre avenir commun

Chacun s’interroge après le raz de marée populaire. Ne s’agirait-il que d’une récupération politicienne pour sortir Hollande des oubliettes et le conduire à une nouvelle candidature en 2017 ? Comment éviter cet enlisement vieux rose et autrement pis, la calamité bleue Marine ? Faut-il comme Shlomo Sand condamner les caricatures de Mahomet comme le livre islamophobe de Houellebecq, qui offensent les musulmans opprimés sous toutes les latitudes ? Ou la récupération des victimes par Netanyahou pour ses besoins électoraux d’extrême-droite, l’appel aux Juifs français d’aller renforcer l’apartheid dont sont victimes depuis 70 ans les Palestiniens ? L’outrance de la mobilisation de centaines de policiers, de véhicules, d’hélicoptères, d’heures la télévision, pour mettre à la raison trois assassins en fuite ? La bise aux flics après le mort de Sivens ?

Rester lucide sur ces ambiguïtés ne peut effacer le fait politique essentiel : après trente ans de régression individualiste dans l’hyperlibéralisme busho-mitterrandien, les foules françaises ont redécouvert cette évidence : l’homme est aussi un être social. L’empathie peut nous combler de joie. Au-delà des convictions multiples, la nation toute entière soulevée, descendant comme jamais dans les rues, a affirmé la prise de conscience massive, résolue : on ne peut laisser l’obscurantisme religieux tuer la liberté fondamentale de la presse. La régression cléricale, le terrorisme ne doivent être exportés en France. L’athéisme philosophique doit retrouver toute sa place libératrice. L’urgence est de se réapproprier les idéaux gravés aux frontons de nos mairies et devenus sous l’usure quelque peu illisibles : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE et de les traduire dans la langue du XXIème siècle. Que signifient concrètement ces mots aujourd’hui ?

La liberté est bafouée par nombre d’Etats nos alliés, ici-même elle est manipulée grossièrement par les médias asservis au CAC 40 aussi bien que par le jeu politicien. La télé, Internet, sont viciés par la publicité et la mainmise oligarchique. Les institutions, dès la mairie, enlèvent tout pouvoir réel aux citoyens, autorisés seulement tous les cinq ans à voter pour des mandarins dont la plupart d’entre eux mèneront une fois élus une gestion bureaucratique totalement opaque.

L’égalité n’a jamais été à ce point malmenée. Selon Stiglitz, le 1 % des ménages les plus riches a 225 fois la fortune de l’Américain ordinaire et ce rapport a doublé en trente ans. La situation française n’est guère meilleure. Cette insupportable inégalité est la cause fondamentale des crises et de la violence. Les grands ensembles concentrent les pauvres, en premier lieu les migrants en reproduisant l’inégalité. On les casse pour diminuer sournoisement le nombre de HLM dans une nouvelle urbanisation tout aussi inhumaine.

La fraternité est foulée aux pieds par les attaques racistes, ouvertes à l’extrême droite, larvées à droite. Le partage du travail et des richesses, pourtant seule solution au sous emploi chronique, est refusé. L’école, monstre bureaucratique, censée jouer un rôle d’ascenseur social, cristallise au contraire les inégalités devant le savoir, la culture.

Les citoyens, après leur formidable coup d’arrêt du 12 janvier, pourraient franchir une nouvelle étape dans la reprise en main de leurs propres affaires , ouvrir un immense débat national pour mettre en œuvre ce qui est raisonnablement possible d’engager pour progresser sur ces trois créneaux républicains en préservant la France des crises.

Une piste serait par exemple qu’auprès de chaque école, siège de la formation de futurs citoyens fraternels , dans des locaux fournis par elle, les électeurs inscrits sur les listes, s’organisent dans des comités (des forums, des agoras…) Charlie, ouverts à tous les habitants du quartier, pour débattre sans préjugés ni a priori des questions vitales qu’avait posées le mouvement de mai 68 et, depuis, les journalistes contestataires qui ont préservé son esprit (Cabu, Wolinski, etc.), afin que les connaissances, la vérité politiques soient largement diffusées et que ces réseaux citoyens pèsent réellement, quotidiennement sur toutes les décisions politiques et économiques qui les concernent.

Jean-Pierre Lefebvre, urbaniste, le 14 janvier 2015

Rédigé par Jean-Pierre Lefebvre

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